lundi 29 janvier 2018

Un livre qui m'enchante: Cantique de l'acacia



Kossi Efoui, un visage inspirant...

Je commence à peine ce livre et déjà je laisse mon désir grandir de vous partager une page qui m'a troublée, chapitre 4, page 25.

La crête de l'île aux acacias avait les nuances d'un bleu chauffé à blanc. Les feuilles d'arbres tombées dans la nuit s'écoulaient maintenant avec la levée tranquille du vent.

Grace dit: Repose-toi Joyce, n'oublie pas de te regarder. Regarde-toi Joyce, tu es revenue. N'oublie pas de t'appeler par ton nom.

Et Joyce gardait les yeux baissés sur l'oiseau aux ailes déployées dessiné dans le sable par la coulée blanche de farine et d'eau mêlée que Grace répandait par terre, sans se baisser, buste droit et bras levé, dirigeant le tracé depuis cette hauteur et prononçant:

Ceux à qui ta présence inspire l'amour
Que mille oiseaux blancs les saluent
En ton nom.

Dans la même position, elle versa à présent la mousse frétillante du vin de palme et chantonnait:                      

Ceux à qui ta présence inspire la haine
Que l'ivresse de l'alcool les emporte dans la joie
Et qu'ils oublient de prononcer ton nom.

Une bénédiction émouvante de beauté et une malédiction faite de bienveillance!

Grace, devineresse, enchanteresse et guérisseuse avait été visitée par une vision prometteuse. Et... la petite Joyce leur était arrivée, inanimée, sur un radeau flottant.
Grace disait: Il faut se mettre à trois pour faire un enfant. Le mâle, la femelle et l'invisible. Joyce, l'enfant de la promesse, avait eu besoin de deux mères.

Cette histoire se passe sur la terre africaine. Et le rituel initiatique de la grand-mère et de l'adolescente nues et huilées, face à face, qui répètent des formules  glorifiant le pouvoir de la femme m'a  fascinée.

J'aime déjà ce livre, j'aime cette sorte de bonheur déjà en moi et devant moi. Ce livre est coté 4 étoiles par Le Devoir.

Placide Gaboury parle d'Art


Placide Gaboury, philosophe, professeur, écrivain, peintre et pianiste professionnel (1928-2012)

''L'art pour moi est une création humaine qui m'émeut. Elle peut en émouvoir d'autre que moi sans que je l'éprouve ou l'estime - c'est encore de l'art. Mais quand elle me touche, moi, j'appelle ça de la Beauté! L'art doit me toucher comme une chanson de Piaf (C'est l'amour qui fait qu'on s'aime) ou Brel (Entre Bruges et Gand). Le grand art pour moi est celui qui bouleverse.


C'est quand j'ai été  touché par de la beauté que je fais une aquarelle et l'émotion passe par le pinceau,  purifiée. Si quelqu'un observe la peinture et que son sentiment est éveillé à son tour, c'est un miroir, une communication, un acte d'amour. J'exprime ce qui est en moi, je ne sais pas si cela fait de moi un bon peintre. Mais ça fait un peintre sincère. L'art est totalement subjectif, mais dans notre rencontre avec la vie, les choses et la beauté, c'est notre coeur, notre être entier qui réagit, d'une réaction unique. 

Ce n'est pas parce que c'est du Picasso que ça me touche. Je lui accorde du génie mais je trouve que c'est aussi un manipulateur, un exhibitionniste qui croyait que tout ce qui l'habitait  valait de paraître sur toile ou autrement. Beaucoup de ses toiles me laissent complètement froid. J'aime ses dessins classiques, ses périodes bleue et rose mais à part ça, je n'aime pas Picasso. Je le trouve violent.

Ce que je disais de Picasso je le dirais également de Bach, de Mozart, de Beethoven. La forme est parfaite mais le coeur - le mien du moins n'est pas toujours là. Le compositeur qui me prend le plus c'est probablement Schubert, j'aime le concerto de Brahms pour piano, les sonates et concertos de Bach, la sonate pour deux pianos de Mozart, les concertos et symphonies de Beethoven, Chopin, et certaines pièces de Debussy comme En bateau et Clair de lune.

Quand une oeuvre nous touche, elle peut créer en nous ordre, harmonie et beauté.

jeudi 18 janvier 2018

Ne cherche pas et tu trouveras

 


 La puissance du non-agir


Ne pas attendre que quelque chose arrive du dehors. Le commencement est en soi. Le bonheur dépend de nous, de notre regard porté sur le monde. Ne cherche pas et tu trouveras. la phrase est paradoxale. L'agir du non-agir met en état de recevoir, il met en place les conditions pour que ''quelque chose se passe". Il est réceptivité. Dans la concentration ici maintenant, les obstacles s'effondre d'eux-même parce que la conscience ne les entretient pas.

Le non-agir ne signifie pas qu'il ne faut rien faire, mais qu'il faut se rendre disponible, attentif, ouvert, dans l'évanouissement des barrières mentales; il permet de clarifier l'esprit pour le rendre réceptif. Alors quelque chose se produit. Quand les nuages s'écartent, le soleil n'est pas cherché, il se montre. La vie s'accomplit d'elle-même dans l'évidence la plus absolue. Le non-agir est l'art de vivre. Il s'agit donc de revenir à l'instant où notre corps agit avec justesse, en suivant le chemin le plus naturel possible.

Se concentrer sur l'acte quotidien

"Quand vous vous asseyez, asseyez-vous; quand vous marchez, marchez, surtout n'hésitez pas." (Ummon Bunen). L'acte est presque toujours accompagné par une pensée, un souvenir, une image, un jugement. L'action ainsi est parasitée, la conscience n'est pas totalement investie. L'absence d'hésitation dans l'acte est un engagement plein. Tout cela est ordinaire et c'est pourquoi c'est une révolution. Tout acte de la vie devient alors spontané, naturel. L'épanouissement parfait, c'est faire ce qu'il faut, quand il le faut, avec juste ce qu'il faut.

J'apprends avec ferveur !

Le quotidien est essentiel



Denis Faïk est docteur en philosophie, maître de  conférences au département Arts et Culture de l'Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace à Toulouse. Il est professeur diplômé de yoga de  l'Institut français du yoga.


Je lis Ne cherche pas et tu trouveras de Denis Faïk

La vigilance est l'acuité d'une conscience engagée dans chaque détail de l'existence, les gestes, les mots, les actions, quelle que soit la valeur qu'on leur accorde a priori. Aucun mouvement de la vie quotidienne ne mérite plus d'attention qu'un autre. La vigilance les accompagne tous parce que tout est essentiel. Les choses que nous faisons chaque jour sont autant d'occasion de nous centrer dans le présent, qu' il s'agisse de servir son café, ouvrir son journal, mettre la table, se laver les mains, etc... Pour ce dernier acte, notre attention peut ainsi se porter sur le toucher du savon, le contact avec les mains, la manière de frotter, les mains qui tournent, l'eau, puis la façon de les essuyer, le contact de la serviette, etc. Il convient de concentrer son esprit sur chaque détail qui se déroule dans l'instant.

Cette concentration sur le bouquet infini des choses à chaque seconde permet de freiner et d'annihiler les agitations du mental. La présence totale dans les mouvements de la vie prend ''toute la place'', si bien que nos désirs, nos craintes et autres effervescences émotionnelles (stress, pression) ne peuvent agiter notre esprit. Notre conscience demeure alors en elle même, ici et maintenant, dans la réalisation. Si toute mon attention est dans l'acte de me laver les mains, pour revenir à l'exemple précédent, alors mon mental n'a plus de place pour accueillir autre chose. Je me lave les mains, c'est tout. Je ''m'immobilise'', je prends conscience du souffle, de mes sens qui perçoivent les sons, les parfums, dans une simple et juste réception de l'environnement et de moi-même, sans profit, sans but.

Dans cette concentration, il y a une mise à l'écart des résultats, de la récompense, de ces choses qui flattent l'égo.  Libéré de toute pensée qui porte ailleurs, le geste n'est plus alors vécu que comme émerveillement, accomplissement. C'est ainsi qu'il y a lâcher-prise, qui est un acte sans attachement à l'échec ou à la réussite.

''On s'exercera donc à vivre au jour le jour, sans soucis du lendemain, puis à vivre l'heure présente, puis la minute et la seconde même, pour essayer dans une vigilance aiguë et calme d'atteindre le point critique où le présent ne s'échappe plus.'' J. Papin

Il n'est pas question d'être aveugle aux conséquences néfastes d'une action. Il s'agit d'occuper tout l'espace mental par le geste, aussi bien balayer, manger, ou se promener. Il y a dans l'action, une neutralité psychologique, l'esprit n'étant qu'à ce qu'il fait, aucun contenu mental construit ne parasite l'esprit.

Ça me parle tellement, j'y travaille beaucoup. Je persévère!

lundi 15 janvier 2018

On l'avait baptisé l'évangile de Thomas...


On l'avait baptisé l'Évangile de Thomas mais ce n'était pas  l'oeuvre du disciple Thomas. ''Voici les paroles que Jésus le Vivant a dites et que Judas le Didyme a écrites.''

Le mot didyme venait de didymos, qui signifiait jumeau. Cet indice trahissait l'origine du document, car didymos n'apparaissait qu'à un seul endroit dans la bible: dans l'évangile selon saint Jean, composé en Syrie à la fin fin du 1er siècle. C'est d'ailleurs en Syrie que s'est propagée la croyance selon laquelle Thomas aurait été le jumeau de Jésus. Qui mieux que le jumeau de Jésus pouvait rapporter les paroles de Jésus? Bien sûr, c'était de la frime, on n'était pas à un mensonge près.

Au moins 1500 ans séparait le lecteur de 1980 du scribe qui avait copié ce texte. Et 2000 ans le séparait de la personne qui l'avait composé. Ce qui avait permis la survie de l'évangile de Thomas, c'était les années qu'il avait passées à l'abri dans la jarre en terre cuite. Sa mise à l'index, ironiquement, avait évité sa destruction.

''Celui qui découvrira l'interprétation de ces paroles ne goûtera pas à la mort.'' L'évangile de Thomas avait surpris les chercheurs. Ce n'était pas un évangile ordinaire, il ne racontait aucune histoire, Jésus n'y mourait pas pour racheter les péchés du monde, il ne se relevait pas non plus d'entre les morts. Il s'agissait plutôt d'une liste de paroles qu'il aurait prononcées. Elles apparaissaient des fois seules, tantôt incorporées dans un dialogue. Il y en avait 114. Le milieu universitaire appelait ces paroles des logia - au singulier des logio - parce qu'on les disait ''isolables'', ne dépendant d'aucun contexte. On était persuadé qu'elle venait d'une traduction orale très ancienne.  Des chercheurs audacieux allaient jusqu'à affirmer que le contenu remontait à Jésus lui-même. 

Les logia étaient trop cohérents entre eux pour avoir été inventés par les disciples. Certains étaient si hermétiques qu'il semblait impossible d'en tirer un jour une compréhension. Jésus dit: '' Que celui qui cherche ne cesse de chercher jusqu'à ce qu'il trouve. Quand il aura trouvé, il sera troublé. Quand il sera troublé, il s'émerveillera et régnera sur tout.'' Chose certaine, les auteurs des évangiles selon Marc, Mathieu, Luc et Jean avaient repris 70% de l'évangile de Thomas, la plupart du temps à en simplifiant le contenu.

Je lis La mémoire du temps de Mylène Gilbert-Dumas


Les textes anciens, sacrés, gnostiques


 Réflexion sur notre rapport à la foi et à la vérité historique

Malgré le mystère qui entoure la gnose, (connaissance initiatique et ésotérique) les historiens s'entendent sur une chose: les gnostiques avaient écrit des textes qu'ils avaient avaient ensuite copiés et reliés sous forme de livres qu'on appelait codex. Treize de ces livres ont été retrouvés en 1945 dans une jarre cachée au fond d'une cavité rocheuse près du village égyptien de Nag Hammadi. Quelqu'un au IVe siècle, les avaient enfouis à cet endroit pour éviter leur destruction.

Au fil des siècles, les chercheurs avaient retrouvé 5700 manuscrits en grec contenant des extraits du Nouveau Testament.  Parmi ces 5700 documents parvenus jusqu'au XXe siècle, aucun n'était un texte original. Tous sans exception étaient au minimum des copies de copies de copies. 

Pour ajouter à la difficulté, il était bien établi que le copiste - tant ceux du début de la chrétienté que ceux du Moyen Âge - avait fait des erreurs. En comparant  les manuscrits anciens, on trouvait toutes sortes de variations aussi intéressantes que loufoques. Des mots sautés, des lettres doublées, parfois des lignes entières de sautées. Transcrire un texte où on ne trouvait ni séparations entre les mots ni signes de ponctuation pouvait s'avérer ardu. Et c'était de cette manière qu'on été écrit les textes du Nouveau Testament. Il y avait aussi tous ces mots mal recopiés, causant une confusion qu'un copiste ultérieur essayait d'arranger en modifiant le texte. Cela entraînait la plupart du temps d'autres erreurs, qu'un autre copiste tentait de corriger à son tour. Et ainsi de suite.

Devant ces presque 2000 ans de possibilités de falsification, on comprenait pourquoi les chercheurs ne croyaient pas à la Bible littéralement. Il fallait toujours douter parce que trop de gens avaient leur mot à dire dans l'histoire du christianisme.

La date de la naissance de Jésus ne se retrouve pas dans la Bible. Elle a été déterminée beaucoup plus tard, au moment de l'expansion du christianisme. Les païens célébraient le solstice d'hiver le 25 décembre parce qu'ils considéraient que c'était le jour de naissance du Soleil. - Noël étant un dérivé du mot latin natalis qui signifiait naissance -. Il avait suffit d'associer la venue du Christ au retour de la lumière pour christianiser l'événement.

Le % d'alphabétisation en Palestine au début du premier millénaire était moins de 5%.  Les disciples de Jésus étaient ces paysans  peu éduqués,  pour plusieurs des pêcheurs de Galilée. Ils ne savaient ni lire ni écrire. Ils n'ont pas pu écrire les  évangiles qu'on leur a attribués. On ne sait pas qui sont les auteurs des évangiles. On sait que Paul a écrit quelques unes de ses lettres mais pas toutes. Ces lettres comme les évangiles d'ailleurs, ont été écrites pour être lues à haute voix parce que les premiers adeptes du christianisme étaient des gens de classes raciales inférieures, tout aussi illettrés que les disciples.


Je lis Mémoire du temps de Mylène Gilbert-Dumas

Le doute, si incompatible avec la foi.  Intéressant!




dimanche 14 janvier 2018

Nikola Tesla, le plus génial après Léonard de Vinci

Tesla, un scientifique humaniste

En 1931, à l'occasion de son 75e anniversaire, Tesla fit la une du magasine Time. L'un des derniers rêves de Tesla était d'éclairer l'atmosphère terrestre, la nuit. L'Éclairage de l'océan. Il souhaitait aider les navigateurs, afin que des désastres comme celui du Titanic ne se reproduisent plus.

Tesla fut fasciné par les concepts fondamentaux de l'autre grande théorie, la relativité de Einstein, la mécanique quantique. Il travaillait à un projet relatif à une ''barrière de lumière'' en mesure d'altérer à volonté le temps, l'espace, la gravité et même la matière. Ses recherches ont alimenté les légendes circulant sur son compte et relevant de la science-fiction: rendre possible l'antigravité, le télétransport, les voyages dans le temps et l'invisibilité. Certains en arrivent à dire que Tesla était lui-même un extraterrestre que ses parents avaient adopté en Yougoslavie. Au cours des vingt dernières années de sa vie, le monde industriel et universitaire tentèrent d'effacer Nikola Tesla de la littérature scientifique et furent à l'origine de sa condition de quasi exilé.

Tesla mourut dans la solitude d'une attaque cardiaque, en janvier 1943. Il atteignit le summum de la pauvreté et mourut sans être parvenu à rembourser toutes ses dettes. Un peu avant sa mort, il avait travaillé à une arme capable d'abattre 10 000 avions. Il voulait construire une espèce de muraille de Chine autour du pays pour arrêter tout attaquant, pour empêcher toute guerre. C'est pourquoi il  définit son invention comme un ''rayon de la paix'' mais qu'on appela aussitôt le ''rayon de la mort''. On affirma même que Tesla en personne était l'auteur de la terrible explosion qui secoua la région de Tunguska, en Sibérie.

Tesla fut retrouvé mort trois jours après qu'il eut contacté le Département de guerre. Tous ses projets furent confisqués et déclarés top secret. La famille de Tesla et l'ambassade de Yougoslavie luttèrent pour ravoir les biens de Tesla. Son neveu parvint à rentrer en possession de ses effets personnels, qui se trouvent au Musée Nikola Tesla à Belgrade, où sont abrités environ 150 000 documents qui témoignent de la créativité créatrice de ce scientifique et inventeur. Il fut admiré par les plus grands, Einstein et Niels Bohr. Il est maintenant considéré comme le personnage le plus génial de toute l'histoire de l'humanité après Léonard de Vinci.

''La science n'est qu'une perversion si son but n'est pas d'améliorer la condition humaine'' Parole de Tesla devenue célèbre.

Nikola Tesla, un pur parmi des rapaces

     Nikola Tesla dans sa station expérimentale de Colorado Springs

En 1891, Nikola Tesla acquit la nationalité américaine. IL commence alors  à faire ses premières expériences de transmission d'électricité sans fil et il parvint à allumer des ampoules à distance. Il décrivit les 5 caractéristiques de base d'une installation  radio. Il avait inventé la radio avant Merconi et il se vit littéralement voler ses inventions. Marconi était habile en affaires, pas Tesla. En 1944, un an après la mort de Tesla, ses droits sur la radio furent finalement reconnus. Cette décision se basa sur  tout le travail réalisé  par Nikola Tesla avant le brevet de Marconi sur la radio et la plupart des brevets de Marconi furent invalidés.

Quant à Edison, il utilisa tous les moyens possibles pour tenter de discréditer Tesla et son courant alternatif. Il alla même jusqu'à sacrifier publiquement un grand nombre d'animaux tels que des éléphants, des chats et chiens errants en les faisant passer à travers une décharge électrique, pour faire croire que le courant alternatif était dangereux. Il s'agissait d'un truc qu'un public non averti n'était pas en mesure de deviner, tandis que les pauvres animaux étaient cruellement sacrifiés au nom du business qu'Edison avait monté autour de sa méthode obsolète du courant continu. En manipulant les découvertes de Tesla, Edison en arriva même à inventer la chaise électrique comme châtiment pour les condamnés à mort.

Pendant ce temps, Westinghouse, qui ne s'intéressait qu'au profit et qui avait financé des recherches de Tesla, avait acquis les droits sur les brevets de Tesla et de ses découvertes innovantes pour créer une véritable multinationale de l'électricité.

Pour composer ses gains de plus en plus maigres, Tesla écrivit des articles pour des revues sur le futur de l'électricité mettant à profit sa très bonne connaissance des langues étrangères. Il se consacra aussi à la traduction en anglais d'oeuvres littéraires des pays de l'Est. En 1916, Tesla fit faillite en raison de ses nombreuses dettes. Il tomba dans une pauvreté grandissante. Il semblerait, au cours des années suivantes que Tesla ait manifesté des troubles mentaux de type obsessionnel Il ne supportait plus la lumière, il se sentait obligé de faire trois fois le tour d'un bâtiment avant d'y entrer etc...

En 1912, il fut désigné comme candidat au prix Nobel de physique. Il refusa pour ne pas l'avoir reçu en 1909, à la place de Marconi. En 1915, Tesla refusa à nouveau le prix Nobel quand il apprit qu'il devait le partager avec Edison. 

En raison d'un manque d'argent qui caractérisa les 26 dernières années de sa vie, ses idées restèrent couchées sur le papier. Encore aujourd'hui, de nombreux ingénieurs et physiciens se penchent sur ses écrits ( ceux qui ne furent pas confisqués par le F.B.I. à sa mort) En 1937, il fut renversé par un taxi, accident dont il ne guérit jamais complètement.

Je lis Tesla, l'éclair de génie,  par Massimo Teodorani

Ces vies, celles de Touring et celle de Tesla, me font vivre colère, tristesse... et admiration pour l'oeuvre.  Quel mystère que le destin des humains!






samedi 13 janvier 2018

Tesla, génie de la lumière


 Tesla, immense génie

Sa mère, d'une intelligence rare, lui avait légué son génie créatif; après son décès il fit une grave dépression. Tesla était au courant des techniques mathématiques les plus avancées de l'époque en passant par la philosophie, la poésie et le roman. Il savait par coeur les oeuvres de Goethe, Spencer, Shakespeare, Voltaire etc...Il connaissait neuf langues étrangères et il était fasciné par les énigmes de la nature. En 1884, il laissa la Yougoslavie et partit pour les Etats-Unis. Il se vit tout de suite offrir un emploi par le célèbre Edison, une sommité de l'électricité mondialement connu. Tesla  comprend et décrit en détails les avantages des modifications pour améliorer les dynamos d'Edison. Ce dernier lui promet 50 000$ s'il parvenait à concrétiser son idée. Tesla y travailla sans relâche et fit prendre de nouveaux brevets très rentables pour Edison. Edison revint sur sa promesse et lui proposa une augmentation de 10$ par semaine. Tesla démissionne. En 1886, il créa sa propre entreprise, Tesla Electric & Manufacturing.
La très grande inventivité de Tesla et sa capacité de travailler sur plusieurs projets à la fois  excitèrent la jalousie de Edison et d'autres  universitaires et on commença à le taxer de folie, de mégalomanie etc... surtout quand celui-ci découvrit les rayons cosmiques, une énergie sans limite et qui pouvait être canalisée. Ce qu'on allait par la suite appelé les ''rayons X''. 

Le véritable rêve de Tesla était de remplacer le courant continu par du courant alternatif et de distribuer gratuitement de l'énergie à tout le monde, sans frais. Mais la logique du profit toujours plus accentuée prévalait de concert avec la révolution industrielle. Le développement rapide du courant alternatif permit de transporter la puissance électrique jusqu'à une centaine de kilomètres et permit à Tesla de jeter les base de la première centrale hydroélectrique à courant alternatif des chutes Niagara. En quelques années seulement, les lignes électriques atteignirent New-York en inondant de lumières les routes et les théâtres. 

Je lis Tesla, L'éclair du génie, Massimo Teodorani



L'homme qui rend les livres immortels


Le père dominicain Najeeb  Michael

La numérisation ne détruit pas le livre, elle le sauve. En Irak, le père Najeeb l'utilise pour préserver les manuscrits anciens. En France, dans les années 80, lorsque séminariste chez les dominicains, ce fils de parents illettrés développe un intérêt pour les livres anciens. De retour à Mossoul, sa ville natale, il se prend de passion pour la bibliothèque du couvent où sont répertoriés des milliers d'ouvrages, chrétiens, juifs, musulmans, agnostiques. Dans un hangar, il découvre une dizaine de coffres en bois entassés dans un coin. Il y a urgence. En 1990, il crée le Centre de numérisation des manuscrits orientaux  qui permet aux chercheurs de consulter les ouvrages et documents originaux sans avoir à les manipuler. 

Avec la dizaine de jeunes qu'il a formés à ces techniques dans les camps de  réfugiés, il a déjà numérisé plus d'un million de pages mais un quart de cet héritage inestimable a été depuis détruit par Daech. C'est bien le miracle du numérique, chaque page a été sauvée dans un lieu secret en Irak et aux États-Unis à qui le père envoie une copie de son travail. ''Sauver ce qui peut être sauvé! tel est son credo.

Bien sûr cela ne fera pas revenir le colossal taureau ailé détruit par Daech au marteau-piqueur...

Victoria Gairin pour la revue Le Point

Mais moi je dis ma gratitude et je bénis cet homme.

Lire Sauvez les livres et les hommes, de Romain Gubert et Michael Najeeb


vendredi 12 janvier 2018

Beethoven

Ludwig van Beethoven

Beethoven est un héros. Il a résisté à toutes les attaques. Le hasard le jette dans un environnement médiocre, entre un père ivrogne et une mère domestique. Il s'élève quand même. Cupide, ténor manqué, râté, son père le contraint à apprendre le clavecin à coups de gifles, le violon à coups de pied, il affame son fils, l'insulte, l'humilie. Ses parents lui accordent peu d'affection, ne sachant pas très bien en quoi ça consiste. Qu'importe, Beeethoven aimera la musique et l'amour.

À 26 ans, la surdité le frappe, l'endolorit, l'isole chaque jour davantage. À part ses trois premiers opus, il écrira son oeuvre entière affligé de cet handicap. Privé par son mal des liens sociaux, amicaux, conjugaux, condamné à la solitude, il ne connaît guère de plaisir. L'infirme écrira néanmoins un Hymne à la Joie au crépuscule de sa vie.

Avant de devenir notre héros, Beethoven fut le héros de sa propre existence. Il ne baissa jamais les bras. Puisque la destinée lui défendait d'entendre la musique, il la créa sous son crâne  de sourd. Grâce à son talent, il la rendit contagieuse. Générosité de celui auquel on ne donna que misère. Inépuisable... seule la mort en vient à bout. Mais deux cent ans plus tard, Beethoven demeure. On joue ses pièces, on le statufie, on le vénère. Ludwig est revenu, invincible.

Back, c'est la musique que Dieu écrit.
Mozart, c'est la musique que Dieu écoute.
Beethoven, c'est la musique qui convainc Dieu de prendre congé car Il constate que l'homme envahit désormais la place. Le lien est rompu entre Dieu et la musique. Dieu réside loin, l'homme fait sans lui.


Je lis Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent de Éric Emmanuel Schmitt, avec la Neuvième en  toile de fond. J'arrête tout et ... j'écoute!

Heureusement il y a les Indiens Navajos... Indiens d'Arizona...



Chez les Navajos, Indiens d'Arizona, les transgenres sont considérés comme l'aboutissement de la condition humaine puisqu'ils sont à la fois homme et femme.

En Thaïlande,la philosophie beaucoup plus ouverte, reconnaît la possibilité de sexualités différentes. Les hommes et les femmes s'attirent, mais il existe un troisième genre tout aussi naturel, celui des travestis, des transgenres et autres sexualités minoritaires, étonnantes, mais non pénalisables.

Chez les Juifs, s'il est libre, l'homme peut demander en mariage la femme de son frère qui vient de mourir. Les Égyptiens, les Babyloniens, les Hindous et les Zoulous maintiennent ainsi la lignée du mort. Les enfants qui naîtront de cette union sont les enfants du morts. Les liens du mariage et la protection des enfants sont ainsi maintenus Mais les frères du défunt ne sont pas toujours d'accord. Quand Judas dit à Onan: ''Va vers la femme de ton frère, prends-là... et suscite une postérité à ton frère''. Onan, sachant  que cette descendance ne serait pas de lui  préféra se souiller par terre(...)  Ce qu'il faisait déplut à l'Éternel qui le fit aussitôt mourir.''. Le péché d'onanisme a eu une longue vie et n'est plus considéré comme une souillure méritant punition que depuis la fin du XXe siècle.

Ce que j'aime les Indiens Navajos!

je lis Psychothérapie de Dieu  de Boris Cyrulnik

jeudi 11 janvier 2018

La sexualité selon les grandes religions


Je lis Psychothérapie de Dieu de Boris Cyrulnik, 2017

L'Ancien testament

La haine du plaisir sexuel se retrouve dans de nombreuses religions. Dans l'Ancien Testament, toute sexualité de plaisir est condamnée: Onan qui ''verse sa semence par terre'' est blasphématoire puisqu'il refuse de mettre au monde une âme pour adorer Dieu. La sodomie régulièrement pratiquée dans l'intimité des couples pour éviter les grossesses répétées provoque l'horreur des prêtres, car ne faisant pas d'enfants, elle est anti-naturelle. La jouissance  conjugale, combattue par l'Église, fut appelée ''fornication'' pour signifier la débauche d'une rencontre sexuelle sans fruit. Ce terme religieux s'appliquait aux prostituées et aux couples mariés qui se rencontraient sans avoir l'intention de faire un enfant, juste pour le plaisir! Les modèles de l'amour chrétien sont asexués : la Vierge, Joseph et le Christ sont trop purs pour pratiquer le sexe. Seule la sexualité de reproduction est morale.

La Torah juive

La Torah juive accorde aux époux le ''droit de se réjouir mutuellement''. Le plaisir est acceptable si la fonction sociale du couple est pérenne, alors que ce plaisir est totalement interdit à l'extérieur.

L'Indouisme

L'indouisme et le bouddhisme fournissent aujourd'hui les champions de l'abstinence, alors qu'à l'origine le sexe était considéré comme un simple élément naturel de la condition humaine. L'acte était source d'éveil, à condition que le désir, toujours suspect, n'entrave pas le progrès spirituel. Le sexe est céleste puisqu'il donne la vie, expression de la danse divine - le Kama-sutra en est l'illustration. L'homosexualité n'est pas répugnante et les partenaires multiples ne sont pas immoraux. L'acte sans semence, dû à l'énergie féminine, ouvre les centres psychiques des chakras.

Le Bouddhisme

Le bouddhisme dérivé de l'hindouisme considérait aussi que la sexualité était une simple activité humaine. La seule contrainte morale était le respect, de l'autre et de soi. On pouvait donc avoir des aventures extraconjugales à condition de ne pas tromper son conjoint. L'Acte sexuel avec un autre n'était pas une tromperie, mais lui mentir, le lui cacher en était une. Une telle honnêteté affective n'était possible que si l'attachement, non exclusif, supportait cette tolérance. Une personne ayant besoin d'un attachement intense unique était considérée comme possédée, entravée par ce lien. Le détachement dans cette optique devenait une liberté.

L'admiration, l'affection et la sexualité sont des sentiments naturels, si bien qu'un prêtre sur deux a des maîtresses régulières au cours de son sacerdoce. Les Juifs et les Musulmans ont plutôt tendance à penser qu'un homme célibataire est un dangereux prédateur et que seuls les prêtres mariés sont moraux. Il est impossible qu'un homme désire un autre homme, Dieu ne l'a pas voulu, leur orientation sexuelle est donc une perversion, ils choisissent d'être déviants. Ils sont ainsi  pénalisables et ils se retrouvent en prison.

Heureusement, il y a la Thaïlande et les Indiens d'Arizona !!!

mardi 9 janvier 2018

Félix Leclerc, le magnifique...


Félix Leclerc, 1914-1988

Je lis  La voix de mon père écrit par sa fille Nathalie Leclerc. Suivent quelques extraits...


- Vous vous rendez compte? j'ai 73 ans et j'apprends encore des mots nouveaux!
---------
- Qu'a fait ton père aujourd'hui?
- Il a regardé.

Un poète. Une splendeur. Un regard différent qui illumine la journée, même si celle-ci est mauvaise. Même si elle lui demande un peu plus de force pour marcher, pour se déplacer. Parce qu'il y a le merle qui chante vers midi ou la découverte de cette rose  qui aura enfin éclos sur la tête du rosier.
---------
Mon héros cherche son souffle maintenant, il ne chante plus comme le violoncelle, mais il écoute le frémissement de la rigole avec la même intensité qu'un air de Schubert. Il devient cette terre qu'il aime, ces chênes inébranlables devant notre demeure, son camp du bout du monde.
--------- 
Deux adultes et un enfant sortent d'une voiture. Ils offrent une bible à mon père. Il les regarde quelques minutes et leur dit dans un chuchotement, avec tout le respect du monde: ''Vous me dérangez, j'étais en train de prier''. Les étrangers reculent à petits pas, confus, étonnés, et quittent notre champ splendide. Le silence après leur départ est aussi majestueux qu'une matinée de début de vacances d'été.
---------
- Attends!
C'est la voix de mon père. Il traverse le salon en robe de chambre, prêt à aller se coucher. Le frottement de ses pantoufles sur le plancher devient battement du coeur. Il me prend dans ses bras.

- N'oublie jamais que je t'aime.
Bouleversée par cette phrase, je soulève ma tête et je plonge mon regard dans le sien. Ses yeux gris fatigués m'apportent une bonté infinie. Au volant de ma Renault 5, je pleure. Je pleure cet éclat invisible mais ineffaçable qu'il m'a transmis dans cet instant comme si quelque chose d'indescriptible prenait fin.

Il est mort le lendemain matin. L'arbre tombe....
---------

Le poète a écrit Moi mes souliers, qui a fait le tour de la francophonie et qui encore aujourd'hui, est fredonnée un peu partout.

Des hommes, des femmes et des enfants déposent sur sa pierre tombale une paire de souliers. Bien au-delà du simple soulier usé, il y a une grande beauté dans ce geste. C'est un dernier hommage pour un homme infini. ''C'est un énorme bouquet de souliers'' dira Raymond Devos.
---------
Merci à Jean Royer, pour m'avoir dit: Écris!''
Merci à mon père pour tout.

Félix Leclerc, c'est un intouchable. Ma  famille cosmique, avec cet homme magnifique, n'en est que plus sacrée ...




vendredi 5 janvier 2018

Judith, la guerrière légendaire



Judith, environ 200 ans avant Jésus-Christ, lors de la révolte des Macchabées


Je lis les intrigantes femmes de la Bible, Claude Rapé

Ce sera bien la seule. Elle serait cette épique guerrière qui sévissait au nom de Yahvé dans le contexte des guerres de Babylone ou Ninive ou l'Assyrie ou Israël. Le rédacteur anonyme s'empêtre dans les chronologies, les lieux et les noms. Les églises protestantes ont inclus ce livre de  Judith dans les canons bibliques vantant les prouesses de cette femme ''superbe et vigoureuse''. Il y eut une version hébraïque ou araméenne du livre de Judith. 

Les Assyriens avaient pour cible les territoires des douze tribus d'Israël. La Judée particulièrement se mit en alerte d'autant que Holopherne assiégeait Béthulie, la ville où vivait Judith, ''veuve riche, vertueuse, pieuse et belle''. Le roi Ozias tenta de négocier des délais avec les assiégeants. Plus audacieuse, Judith prit spontanément le pouvoir en affirmant qu'elle rendrait la liberté aux enfants d'Israël par la volonté de Dieu. Descendante de Siméon, elle avait fait le voeu de venger l'honneur des Juifs. Arguant que si Holopherne tombait sous les coups d'une simple femme, ce serait la preuve que Dieu l'aidait.

Se parant comme une princesse, elle sortit de la ville assiégée pour aller au devant du général Holopherne. Sa beauté et son charme lui ouvrit la tente du guerrier. Il lui offrit de manger et boire à sa table. Mais elle revendiqua de ne manger que les produits que sa loi autorisait et sa servante qui l'accompagnait lui servit des mets casher. Forte de son ascendance érotique sur le militaire, elle évoqua aussi la nécessité de quitter la tente chaque nuit pour aller prier son dieu. Il accepta. La garde rapprochée du général s'habitua ainsi à la voir circuler librement avec sa servante.

Mais au bout de trois jours, Holopherne fut en appétit de chair et de bonnes chères. Il voulut une fête et y convia celle-ci, sa future conquête.  Elle accepta l'invitation, évitant adroitement de boire le vin des Assyriens. Holopherne, mis en joie par cette conquête facile but ''plus de vin qu'il n'en avait jamais bu en un seul jour'' puis s'effondra sur sa couche sans avoir joui du corps de la belle guerrière. Judith saisit un sabre et trancha la tête de l'illustre guerrier. Elle déposa la tête de l'ennemi dans son sac à provisions et rentra à Bethunie avec le sanglant trophée, sans avoir été inquiétée par les soldats.

À l'aube, elle ordonna qu'on expose la tête du général en haut des remparts de la ville.  La panique s'installa chez les soldats en constatant le corps décapité de leur chef, gisant sous la tente. Apeurés, les soldats fuirent, mais, poursuivis par les Judéens, ils furent exterminés.

Un ''Cantique de Judith'' vante l'héroïsme de la jeune femme et la Bible dit qu'elle atteignit l'âge de 105 ans. Sa servante fut affranchie et Judith honorée au point que, lors de sa mort, un deuil de sept jours fût respecté et que ''la paix de Judith'' dura '' longtemps après sa mort''.

Le fait que son nom signifie ''la juive'', que ce sont la prière, le jeûne et la Loi qui furent ses armes appuie la thèse d'un récit écrit pour galvaniser les consciences autour de sa constitution et de son passé.  Judith reste donc un sujet de polémique.

J'en connais une Judith, belle et douce guerrière, une femme  humblement formidable. Salut Judith!




jeudi 4 janvier 2018

La spiritualité ne tombe pas du ciel


Boris Cyrulnik, psychiatre français connu mondialement


Extrait du livre Psychothérapie de Dieu de Cyrulnik 

C'est le mystère de l'existence qui mène à la spiritualité. Pourquoi la vie plutôt que rien? Pourquoi la mort des hommes, des animaux, des plantes? Où va-t-on après la mort? Dieu est un concept tellement abstrait qu'il n'y a ni perception ni représentation possible. Une telle abstraction agit sur notre esprit, donne forme au mystère de l'existence et socialise nos âmes. La procédure spirituelle totalement imperçue agit au plus profond de notre intimité, au point que nous avons besoin d'un intermédiaire pour lui donner forme. Les prophètes sont leurs porte-paroles: Moïse et les femmes prophètes du judaisme, Jésus, Mahomet, Bouddha traduisent en termes humains ce que cette entité  a conçu et que nous ne pouvons percevoir.

Quand on prend du recul pour donner un sens à sa vie, on découvre l'origine métaphysique de notre existence. Ce travail d'abstraction, on peut le faire sans dieu. Il suffit d'accepter le mystère de la vie sans chercher à l'expliquer à tout prix. Ceux qui accèdent au sacré et qui éprouvent la moindre critique comme un blasphème, une agression contre Dieu méritant une extrême punition dont l'exclusion, la prison, l'excommunication, ou le bûcher sont à la hauteur de l'insupportable blessure. Pour  un sans-dieu, c'est une égratignure, pour un croyant fervent, c'est un épouvantable fracas.

La religion est un phénomène relationnel et social, alors que la spiritualité est un prodige intime. Ce sentiment émerveille ceux qui l'éprouvent comme un souffle, une vapeur extatique qu'ils désignent par le mot ''esprit'' - qui a donné ''spiritualité ''. Celui qui ressent un tel événement invisible et bouleversant possède la preuve vécue de la nature immatérielle de l'âme.

L'esprit humain est un grand ''fabriquant de dieux'' entre 10 000 et 50 000 selon la définition du mot mot ''dieu''. En Occident, nous croyons que les dieux sont peu nombreux parce que nous vivons sur des continents marqués par le monothéisme, mais en d'autres temps et d'autres lieux, des milliards d'êtres humains vivent et ressentent réellement une présence divine.

Depuis plus de 20 ans, les neuroscientifiques tentent de découvrir dans le cerveau les aires cérébrales qui s'activent au cours de la prière ou quand on éprouve la foi. Chez le croyant, on voit s'allumer les deux lobes préfrontaux connectés au système limbique.

Ça me bouleverse de savoir que nous sommes vraiment lumière. Une vraie lumière qui brille dans le cerveau, au plus secret de nous.


Oui, c'est sûr!


L'impact des traumas émotionnels sur le cerveau des enfants


Boris Cyrulnik, psychiatre français

Je lis Psychothérapie de Dieu de Boris Cyrulnik,  2017

Lorsqu'un enfant passe les premières années de sa vie dans une niche sensorielle appauvrie par un malheur survenu dans son milieu (mort d'un parent, maladie, précarité sociale), le manque de stimulation de ses lobes préfontaux provoque une atrophie apparente. Or, la fonction principale de ces lobes consiste à anticiper et à freiner les réactions émotionnelles de l'amande rhinencéphalique dans les hémisphères. Désormais, pour cet enfant, la moindre information fait l'effet d'une agression à laquelle il réagit par la fuite, l'inhibition ou l'agression défensive. Un tel enfant est difficile à aimer, apprend mal à parler et à socialiser. Il ne peut pas acquérir les trois régulérateurs de l'émotion.
                          - le contrôle neurologique
                          - la maîtrise verbale
                          - la normalisation par les rituels culturels (et le rend souvent suicidaire)
Il connaît la loi mais ne peut s'empêcher de passer à l'acte. Son court-circuit mental l'empêche d'anticiper le mal qu'il va faire en ne freinant pas ses pulsions.

J'ai une admiration bouleversée pour tous ces parents adoptifs qui relèvent ce défi d'imprégner  à nouveau l'amour  dans le psychisme de ces enfants blessés. Et je pense à ces millions d'enfants victimes de guerres politiques qui deviendront les adultes blessés de notre avenir. Je les bénis tous et leurs parents aussi!


mercredi 3 janvier 2018

Il faut aimer la vie pour aimer Dieu...(Dieu et les âgés).



Boris Cyrulnik

Extrait du livre Psychothérapie de Dieu, 2017 de Boris Cyrulnik


Il faut aimer la vie pour aimer Dieu. Les très âgés, après 90-95 ans, quand ils n’ont plus la force de vivre, acceptent la mort et se détachent de Dieu comme si la résignation, la mort psychique avant la mort physique, supprimait l’élan vers Dieu. Il faut avoir la force d’espérer pour prier.

Au cours des dernières décennies de l'existence, les sondages ont évalué un véritable retour à Dieu: 52% des âgés retrouvent leur foi, alors que 8% s'en détachent complètement.

Quand l'usure normale éteint l'immédiate mémoire, elle laisse resurgir la mémoire du passé. Quand les empreintes aux parents, aux amis d'enfance,  au gîte et à Dieu ont été heureuses, c'est un Dieu de bonheur qui fait retour. Mais quand le trauma de l'enfance n'a pas pu être remanié par le soutien affectif ou les récits culturels, c'est un Dieu de terreur qui s'impose à nouveau.

Dans l'ensemble, les femmes et les pauvres aiment Dieu plus que les hommes et les riches. Dans l'ensemble, on est plus religieux en vieillissant. L'effet de la croyance en Dieu est bénéfique pour le corps et pour le psychisme. Le malentendu s'installe quand chaque religion propose sa fiction explicative. Au projet de sauver les âmes et conserver la chrétienté s'ajoute l'intention masquée de prendre le pouvoir en se disant persécuté. Pas de culpabilité ni de honte quand on massacre pour défendre le Dieu sacré qui a été insulté.