samedi 5 août 2017

Serge Bouchard parle de la mort....





Serge Bouchard, anthropologue, chercheur, écrivain, animateur de radio....


Est-ce qu'on apprend d'une épreuve aussi terrible que celle de la mort d'un enfant?

Témoignage recueilli par Mario Proulx pour le recueil Vivre jusqu'au bout.

La mort d'un être cher est une épreuve. Cela nous saisit, nous plaque au mur, et là nous devons faire face. Ce que j'ai appris avec le temps c'est qu'on ne peut pas être consolé. Ça ne s'arrange pas. La mort est non négociable. C'est une fatalité. L'être humain en vie portera  nécessairement les blessures toute sa vie. Impossible d'y échapper. Ceux qui sont morts sont morts, ceux qui ont survécu sont cicatrisés. Ils portent les cicatrices de leur deuil. Je ne pense pas que j'arriverais à refermer la plaie de la perte d'un enfant. Le pire des drames qu'on puisse imaginer, c'est la mort de ses enfants. Les enfants qui meurent avant leurs parents, je ne vois rien de pire en matière d'épreuve et de philosophie. Personnellement je crois que je m'enfoncerais dans un corridor d'autisme. En fait j'ignore ce que je ferais.

Toute perte laisse un vide que rien ne peut combler. Il faut s'habituer à vivre avec le fait que cela est naturel. La meilleure façon de ne pas souffrir, c'est évidemment de ne pas s'attacher.  Il n'y a pas de recette. J'ai failli dire, réussir sa vie, c'est n'avoir personne à son enterrement.

On ne veut pas mourir, et c'est pour les autres qu'on ne veut pas mourir, on veut leur épargner ça. Nous ne trouverons pas la réponse définitive. C'est la condition humaine. La vie, c'est l'éclair d'une luciole dans la prairie, la nuit.

On ne peut pas être consolé. Il faut passer à travers douloureusement. C'est ma vérité.

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