dimanche 16 avril 2017

Pâques 2017 se souvient de celui de 1967


J'ai vraiment aimé ce texte paru dans Le Devoir, pour cette Pâques-ci. En voici des extraits.

Il est de Jean-Claude Ravet, auteur du livre  "Le désert et l'oasis"

Il y a 50 ans, le 27 avril 1967, l'Exposition de Montréal ouvrait ses portes transformant l'île Notre-Dame, en un rendez-vous festif planétaire. Il y eut, pour la première et seule fois de l'histoire des expositions universelles, un Pavillon chrétien.  Initiative inédite, fruit du concile du Vatican II.

L'architecture  du pavillon, conçue à la suite d'une profonde réflexion théologique, était telle que le visiteur devait nécessairement passer par un sous-sol, où il se heurtait à la faim, à la guerre, aux souffrances dans le monde, sans en éluder la complicité des chrétiens de toute confession, avant de pouvoir accéder à l'étage où était célébrée la résurrection du Christ. (G.Baum, Le Pavillon chrétien d'Expo 67) 

Se rappelant cet événement, Guy Paiement, théologien jésuite, écrivait ceci: "Beaucoup trouvaient déplacé ce rappel de la misère au beau milieu de la griserie créée par la science et les techniques étalées un peu partout, gages d'espoir et de prospérité pour tous les peuples. Pourtant cet effort de pastorale  rappelait la présence douloureuse de millions d'êtres "oubliés" dans l'euphorie du développement des multinationales."

Cinquante ans plus tard, l'euphorie laissait place à la morosité et à l'impuissance devant les conséquences d'un "progrès" oublieux des pauvres de la Terre. ll ne suffit pas d'accroître la richesse commune pour qu'elle se répande équitablement, ni de promouvoir la technique pour que la Terre soit plus humaine à habiter. Économie et technique  peuvent contribuer à la croissance des inégalités et à la mutilation des existences. Nous en sommes plus que jamais conscients.

Pâques célébré ces jours-ci ne prend tout son sens qu'en tant qu'ébranlement de la "pierre du tombeau" qui emmure chacun de nous dans la passivité, l'indifférence, la violence, la cupidité, la domination. Il  est appel radical à ouvrir des chemins de liberté, de beauté et d'entraide.

On raconte dans un récit de la résurrection qu'un "messager" presse les apôtres, ahuris devant un tombeau vide, de retourner vite en Galilée - lieu privilégié de l'engagement de Jésus avec les exclus de son époque  - car là, Jésus les précède. (Marc 16,7) La résurrection nous renvoie sur les chemins des Galilée de notre temps. "Car pour l'humain, quelque chose dans la vie est plus précieux que la vie - la raison de vivre - " (P. Legendre)

Pâques est ainsi la mémoire subversive de la multitude oubliée de saints, d'hérétiques, d'insoumis au service de la vie, écrasés par l'ordre établi. Chant infini à la beauté et à la fragilité de la vie, et appel à en prendre soin, que ni les mensonges, ni la répression  n'arriveront jamais à faire taire.

Que cette Pâques nous mène à tous les éveils possibles!

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